David Hockney et Walker Evans réunis au Centre Pompidou : pouvoir des couleurs et profondeur du noir et blanc.

Samedi 12 août 2017, temps très moyen mais charme toujours opérant de Paris en cette période estivale. Quand les Parisiens sont en vacances, la ville soudain plus paisible, s’offre aux touristes ravis et aux promeneurs solitaires. Un bonheur en soi. S’ajoute à cela pour nous, l’excitation de découvrir les œuvres d’artistes de renommée mondiale. Au programme, David Hockney, célèbre peintre et Walker Evans, légende de la photographie américaine. L’un et l’autre exposés en même temps au Centre Pompidou. Des points communs entre ces deux-là ? Il n’y en a pas tant que ça. La photographie peut-être… Même si le peintre anglais entretient un rapport pour le moins ambigu avec ce mode d’expression.

Scritto communication écrite David Hockney

David Hockney : la peinture et l’art de toujours se réinventer
Soyons honnêtes : je ne suis pas un grand spécialiste de la peinture et j’ai découvert David Hockney à travers une série de dessins créés sur iPad, exposée à la fondation Yves Saint-Laurent, il y a quelques années. Un peu maigre comme référence. Pourtant, l’univers de cet excentrique « so british » et très influencé par la société américaine, a d’emblée éveillé ma curiosité. Résolument touche-à-tout et impertinent, son parcours artistique s’est nourri de nombreuses influences qu’il a su digérer en les mettant au service de sa propre créativité. À plus de quatre-vingts ans aujourd’hui, ce trublion ayant assumé courageusement son homosexualité dès les années soixante quand l’Angleterre était encore très puritaine, semble encore déborder d’énergie et de projets en tous genres. À l’instar de Picasso, cet éternel adolescent produit toujours des œuvres dans lesquelles cohabitent très souvent la candeur, un soupçon de provocation, une forme d’humour désenchanté mâtiné de gravité… Le tout servi par une palette de couleurs si souvent vives et lumineuses.

Walker Evans, le photographe qui scrute en profondeur l’Amérique profonde
La lumière éclatante… On ne peut pas dire qu’elle soit au cœur des préoccupations de Walker Evans. Bien au contraire ! Lui est particulièrement connu pour ses photographies noir et blanc de l’Amérique en crise des années 30 avec le vernaculaire comme sujet principal. Et l’exposition parisienne riche de plus de 400 œuvres et documents dévoile un travail photographique exigeant, sans complaisance, sombre à n’en plus finir mais qui révèle l’extraordinaire humanité du monde des démunis et des anonymes. Dont les vies semblent à jamais condamnées à l’hostilité, à la dureté, à la monotonie… À l’issue de l’exposition, la diffusion d’une interview du photographe au crépuscule de sa vie confirme le sentiment d’austérité qui semble habiter toute sa production. Dans chacune de ses compositions, rien de gratuit et de superflu. Evans va toujours droit à l’essentiel, photographie la réalité rien que la réalité, surtout quand elle est cruellement pesante et sans éclat. Au risque de heurter et de déplaire à certains. Mais au nom d’une exigence revendiquée qui fait toute la beauté à de cette œuvre majeure de l’Amérique du XXe siècle.

  • La rétrospective de David Hockney est visible au Centre Pompidou jusqu’au 23 octobre 2017.
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  • L’exposition concernant Walker Evans est hélas terminée. Pour la voir, il faut désormais se rendre… à San Francisco.
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Enzo Clémot – Scritto ! –