On ne dira jamais assez le bien qu’il faut penser des médiathèques et des personnes qui y travaillent. Grâce à elles, j’ai récemment découvert « Paradis », un duo-groupe pour lequel j’ai eu un véritable coup de cœur. À noter que ce paradis n’a rien à voir avec celui de Vanessa que j’apprécie beaucoup par ailleurs.
Simon Mény et Pierre Rousseau sont deux talentueux musiciens Français nourris à l’électro et à la House mais pas indifférents à la chanson française si l’on considère la teneur de leurs textes. Novateurs, ils marient leur musique résolument actuelle à des paroles parcourues d’une élégante mélancolie sur fond d’états d’âme tout en clairs-obscurs. Si l’on cherche des références ou une affiliation, selon moi, on pourrait citer notamment Christophe ou encore Christine and the Queen… Avec cette dernière, ils ont d’ailleurs déjà collaboré pour deux remix, il me semble.
On l’aura peut-être compris, les deux artistes sont encore très jeunes et de leur production se dégage une certaine fraîcheur et un charme indéniable. Après quelques écoutes, la délicate alchimie caractéristique du duo s’immisce dans vos oreilles pour ne plus vous lâcher. Et contrairement à une fâcheuse habitude souvent encouragée par les maisons de disques actuelles, ici pas de remplissage, pas de titres plus faibles ou moins inspirés. On perçoit très vite que l’album a bénéficié d’une grande maturation et que les musiciens, certainement assez exigeants, ont pris leur temps.
Du temps, il s’en est passé depuis leur rencontre au début des années 2010. Aux premières heures de leur collaboration, Paradis s’était fait remarquer grâce à une version « électro » de la ballade de Jim d’un autre duo musical, Souchon-Voulzy. Ce morceau et un autre ayant eu la bonne idée de plaire à Tim Sweeney, célèbre DJ New-yorkais, qui les a sortis sur son label Beats in space. Ce gratifiant adoubement n’a pu que motiver les deux garçons dans la poursuite de leur entreprise.
Le premier album dont je vous parle s’intitule donc « Recto Verso ». Et ce titre résume bien l’inspiration qui irrigue l’ensemble des morceaux qui ont tourné en boucle sur ma platine tout l’été. Sans jamais que je ne m’en lasse. Pas vraiment de l’électro ni de la chanson française, le résultat est vraiment bluffant, original et rafraîchissant. Avec un je-ne-sais-quoi de « french touch » pour ces dandys d’un nouveau genre tout en retenue et tout en délicatesse.
Prenez la voix du chanteur par exemple… Elle sait être douce mais sans mièvrerie. Et c’est à mes yeux un autre atout du groupe. Le chant et les textes ne sont pas simplement des faire-valoir de la musique. Il y a vraiment osmose entre les deux. Et l’émotion vocale n’est pas reléguée au second plan au profit de la musicalité. Le résultat de cette combinaison assez inédite et l’atmosphère générale évoquent pour moi l’incommunicabilité, la difficulté d’aimer, les enjeux du rapport à l’autre et à soi-même. Thèmes plutôt classiques mais revisités ici de belle manière.
À noter enfin que le CD comporte une reprise d’Alain Chamfort, un autre dandy de grand chemin. Il s’agit de « Rendez-vous au paradis », un titre extrait de l’album « Amour année zéro », fruit d’une collaboration très réussie entre l’ex-protégé de Claude François et Serge Gainsbourg. Selon moi, la version de Paradis n’ayant rien à envier à l’original.
Comme je l’ai évoqué, ce groupe m’a accompagné tout l’été. Et maintenant que septembre est venu, je vais à coup sûr continuer ma cure de notes paradisiaques. Et je vous invite à en faire de même. Et c’est bien utile par les temps qui courent. Histoire d’échapper à la déprime ambiante et au train-train de la rentrée.
Enzo Clémot – Scritto ! –