Douce revanche sur le destin… À l’heure du « tout digital », le papier a de nouveau bonne presse.

C’est la rentrée… Enfin, c’était la rentrée, il y a peu de temps. Et comme tout le monde ou presque, j’ai redémarré mes activités en multipliant les bonnes résolutions. Très motivé par mille et un projets concernant ma vie professionnelle malgré la sinistrose ambiante : « et je vais prospecter telle entreprise, me lancer sur tel marché… » Bref, la routine. En d’autres temps, la chute des feuilles aurait pu me faire sombrer dans la mélancolie la plus profonde mais cette fois-ci le papier et la papeterie ont joyeusement dynamisé mon quotidien de rédacteur. Catalysant une envie de renouveau qui n’est pourtant pas tellement de saison. Fort de ce constat, une question m’est très vite venue à l’esprit : la couleur du papier est-elle aussi jaunie que certains « digital addicts » l’affirment  ? Il semblerait que non.

Le magnifique calepin offert par Joachim C…

Tout a commencé pour moi au beau milieu du mois de septembre à l’occasion d’un rendez-vous professionnel très important. En le préparant, je me suis aperçu que le cahier d’écolier sur lequel je prends habituellement des notes, affichait le mot fin.

Tout à mon enthousiasme automnal, je me suis décidé à utiliser un magnifique carnet offert par Joachim C, il y a quelque temps et que je trouvais bien trop beau pour être consacré à des tâches quotidiennes. Finis les souvenirs pesants de l’école : vive ce fringuant calepin qui assurément en jette.

Eh bien, vous me croirez si vous voulez mais grâce à ce petit bijou de non-technologie, je me suis rendu à ce fameux rendez-vous gonflé d’une assurance nouvelle. Sûr (enfin presque) que tout se déroulerait au mieux. Et globalement, ce fut le cas. Au temps béni des tablettes, des smartphones et de la communication digitale 2, 3, 4 ou 5.0., ce bel objet tout en simplicité a su me séduire, symboliser une énergie positive qui m’a été profitable. Et contribuer à mon bien-être au travail. N’est-ce pas merveilleux !

Au même moment, au hasard d’un échange sur Facebook, une « milleniale »  épanouie, Celia M, me confiait tout le bien qu’elle pensait des livres traditionnels « Lire sur une tablette, cela n’a pas la même saveur ! Au risque de passer pour une folle, j’aime bien l’odeur des livres, tourner les pages et avoir le plaisir de savoir où j’en suis… » Je vous rassure tout de suite, Celia n’est pas folle. Bien au contraire, elle est brillante et intelligente. Elle témoigne également d’un phénomène plutôt réconfortant : le papier et tous les supports qu’il peut générer, ont à nouveau bonne presse. Petit à petit, sans faire de bruit, dans l’hostile forêt digitale, ils se sont frayés un chemin vers une clairière enchantée et lumineuse. Abandonnant leur mine de papier mâché.

Pour preuve, en 2017, la communication du luxe, la haute couture, les fabricants de montres prestigieuses entre autres qui se l’arrachent. Comme le souligne le passionnant dossier paru dans Stratégies ces jours-ci. Et tout le monde s’accorde désormais à penser que contre toute attente, digital et papier ont contracté un mariage de raison. Unis pour le meilleur afin de nous permettre de mieux communiquer.

Avec même, il faut le dire, un net avantage pour le livre comme le confirment les propos de Celia et une étude très sérieuse réalisée en juin 2017 par Toluna pour Two Sides.

Jugez plutôt :

  • 85 % des Français indiquent préférer le livre dans sa version papier par rapport à son pendant numérique,

  • 80 % pour les magazines,

  • 62 % pour les catalogues produits,

  • 59 % pour les journaux (il faut constater qu’ici le différentiel est nettement moins important).

Les résultats de cette étude qui font voler en éclat certaines idées reçues, expliquent certainement aussi le succès des mooks, ces « magazine-livres » volumineux à souhait mais qui ont l’avantage de traiter l’information avec le recul qui manque parfois singulièrement à la presse quotidienne et hebdomadaire entre autres.

Pour terminer, une petite précision d’importance si je ne veux pas passer pour un affreux réactionnaire : homme de mon temps, je soutiens le plus souvent la révolution digitale et je loue chaque jour un peu plus les avancées qu’elle a permises. Mais j’aimerais toutefois achever mon modeste plaidoyer en faveur de la diversité en revenant à mon carnet fétiche et à tous ses semblables. Comme je ne suis pas le seul à leur trouver de l’intérêt – toujours selon Stratégies – des entrepreneurs inspirés et talentueux les ont remis au goût du jour à travers Papier Tigre, une marque créée en 2001 et qui cartonne aujourd’hui. Au départ, l’enseigne a su émerger grâce à deux parrains prestigieux, Le Bon Marché et Collette. Ses signes distinctifs : des couleurs toniques et une inspiration résolument graphique. Avec désormais deux boutiques, l’une dans le Marais, l’autre à Tokyo. Avec excusez du peu, une présence dans 25 pays et + 60 % de vente cette année. Autant dire du pain béni pour l’économie française.

Même Quo Vadis, une belle un peu endormie, proposant plannings et agendas de qualité, a succombé aux sirènes de Papier Tigre. Permettant ainsi à ses courbes des ventes de retrouver des couleurs.
Le site de Papier Tigre ICI
> Stratégies n°1918 – Article « Le papier, tout le monde se l’arrache »
> Enzo Clémot – Scritto ! –