La télévision de service public navigue souvent en eaux agitées. Et quand elle opte pour un nouvel habillage visuel de ses chaînes (la dernière refonte datait de 2002), difficile de faire l’unanimité. Ce qui semble être le cas avec ces logos minimalistes, enfants légitimes du « less is more »* cher au poète Robert Browning et au célèbre architecte Ludwig Mies van der Rohe, qui s’invitent désormais en haut à droite de nos écrans. Récompensée par le grand prix Stratégies du design 2018, cette nouvelle charte graphique doit accompagner France Télévisons dans sa transformation digitale. Grâce à ce choix courageux inspiré par l’agence Movement et le cabinet de conseil Joosnabhan, il semblerait que le groupe audiovisuel ait marqué un bon point.
Il y a peu de temps, au cours d’un brief auquel nous participions tous les deux, un professionnel de la communication, a évoqué devant moi le nouvel habillage visuel des chaînes de France Télévisions. Même si je ne suis pas un grand « téléphage », il m’arrive de regarder certains programmes (surtout en replay) et je n’avais rien remarqué ! Étrange, étrange… En règle générale, je suis plutôt sensible et attentif à ce genre de changement. Piqué au vif, dès que j’ai pu, je me suis précipité sur mon smartphone afin de combler mes lacunes… Et j’ai découvert les nouveaux logos qui remplacent désormais l’ancien habillage « en volets » datant de 2002 (quand même!) de la télévision du service public français.
« Pas étonnant que je n’aie rien remarqué, ces logos sont tellement basiques qu’on finit par les oublier ! » pensais-je hâtivement. Et puis en les observant plus attentivement, mon opinion a évolué du tout au tout. Ils m’ont d’abord inspiré une familiarité réconfortante, tout en rondeurs et tout en humilité. Discrets et humbles, ils savent s’effacer derrière les contenus dont ils constituent la signature de marque. Leur très grande simplicité permettant de se repérer dans la seconde en allant très vite à l’essentiel.
Et à bien y réfléchir, à l’heure de la communication digitale toujours en quête d’ergonomie, ce nouvel habillage s’inscrit parfaitement dans l’air du temps. À savoir : décodage limpide et rapide à la fois, cohabitation heureuse quand les différents sigles investissent un même espace, utilisation de couleurs aux tonalités séduisantes pour savoir se démarquer sans jamais rompre la solidarité propre au service public, ponctuation simple et gaie qui semble clore une époque en douceur et nous invite à poursuivre l’aventure en s’affranchissant des lourdeurs de la télé d’hier… De quoi réconcilier les téléspectateurs « historiques » avides de repères stables avec les autres. Les autres ? Toutes celles et ceux qui consomment désormais les programmes sur leur portable, leur tablette, leur ordinateur, etc.
Grâce à la sagacité des journalistes de Stratégies, j’ai pu en savoir plus sur ce changement d’image qui semble rallier tous les suffrages dans le monde de la communication. Comme c’est de plus en plus fréquent, deux entités distinctes ont travaillé de concert sur ce dossier. L’agence Movement et le cabinet de conseil Joosnabhan. Ce qu’il faut retenir en bref :
- Coût de l’opération à ce jour : 140 000 € (90 000 € la conception de la nouvelle charte graphique et 50 000 € pour les droits d’utilisation) avec affinement des chiffres à la hausse à prévoir,
- Les couleurs allouées à chaque chaîne ne changent pas mais elles gagnent toutes en luminosité,
- La typo Brown, nouvelle élue, possède un supplément de rondeur qui sait vivre en parfaite harmonie avec le point qui la précède.
* Moins c’est plus ! Ou les vertus de la sobriété dans la pratique du design (Traduction assez sommaire. Cette expression mérite certainement mieux. Le web offre de nombreux liens vers des pages qui lui sont dédiées : soyez curieux !)
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