Soyons positifs : la rentrée n’offre pas que des inconvénients. Le nombre de sorties de films va crescendo et dans ce flot cinématographique, il est bien rare de ne pas trouver chaussure à son pied. Dans mon cas, entre autres, bientôt le prochain long métrage de Xavier Dolan et hier la projection du dernier Woody Allen.
Tout guilleret (et sous un franc soleil), je me suis donc rendu aux 400 coups, cinéma d’art et d’essai de premier plan (!) qui fait le bonheur des Angevins, à la découverte d’Un jour de pluie à New York… Le film, porté par la jeunesse et la fougue de ses deux acteurs principaux, offre un bain de jouvence à l’inspiration du réalisateur de Manhattan.
Avant même sa sortie, Un jour de pluie à New York de Woody Allen a déjà essuyé un orage. Celui provoqué par le mouvement #MeToo qui a remis sur le devant de la scène une affaire d’agression sexuelle concernant sa fille adoptive mais pour laquelle il a été blanchi. Je me garderais bien de prendre parti. Et peut-être que le réalisateur apportera des éclaircissements sur le sujet dans l’autobiographie qu’il écrit actuellement. D’un côté, les femmes ont toutes les raisons de se défendre. De l’autre, la justice lui a rendu un jugement favorable. Dommage collatéral : le film n’a pas trouvé de distributeur aux États-Unis. Et de toute façon, les deux vedettes auraient refusé d’en faire la promotion même si visiblement ils se sont très bien entendus avec leur metteur en scène. Ce dernier ne tarissant pas d’éloges sur eux. Éloges ô combien mérités : Timothée Chalamet et Elle Fanning étant remarquables.
48e film du cinéaste.
Mais que l’on se rassure… Boudé par l’Amérique, monsieur Allen peut compter sur le soutien (pour l’instant) indéfectible de l’Europe qui fait toujours les yeux doux à ce juif new-yorkais aux quatre oscars, musicien à ses heures et plus que tout passionné de basket. Même si je ne suis pas le plus fin connaisseur de l’œuvre du réalisateur, j’ai quand même vu un bon nombre de ses productions. Et je suis sans cesse étonné, enthousiasmé par sa créativité et par son énergie. Il y a vraiment quelque chose de stimulant dans son rapport au cinéma. Jugez plutôt : ce nouvel opus porte le numéro 48 dans sa filmographie ! Avec la régularité du métronome et contre vents et marées, Woody nous donne rendez-vous dans les salles obscures plus souvent qu’à son tour quand d’autres se contentent de produire un film tous les cinq à dix ans. Une inclination qu’il semble partager avec le cinéaste québécois cité plus haut. Lui-même particulièrement fécond.
Un jour de pluie et un film réussi.
Cette fois-ci donc, Woody Allen nous régale d’une comédie tout en finesse et en rebondissements. Servie comme d’habitude par des dialogues qui valent leur pesant d’or et de drôlerie. Le tout dans le décor qui sied le mieux à son cinéma : New York. Au départ, comme très souvent, l’histoire est simple. Deux étudiants, Gatsby et Ashleigh rejoignent « la grande pomme » pour vivre un week-end so romantique… Bien sûr, la vie (et le scénariste-metteur en scène) en décident autrement. Côté scénario, on a sorti le grand jeu ! Les héros et toute la troupe qui les entoure, se prennent les pieds dans le tapis plus souvent qu’à leur tour. Maladroits, naïfs, bourrés de contradictions, tour à tour désespérés puis pleins d’espoir : on sourit et on rit de leurs aventures et de leurs mésaventures (qui pourraient être aussi les nôtres). Pour peu que, comme moi, on aime sans doute se trouver au mauvais endroit au mauvais moment (question de destin). Parfois les situations frisent le grotesque mais grâce aux jeux des acteurs et aux répliques particulièrement inspirées et savoureuses, le cinéaste emporte toujours la mise. Et comme d’habitude, les comédiens éprouvent une jubilation certaine face à la caméra. Jude Law notamment, ici scénariste accablé par les caprices et les états d’âme d’un grand nom du 7e art, renonce à son image de bellâtre un peu aseptisé, révélant un aspect beaucoup plus intéressant de son talent.
I love New York
Comme il est écrit plus haut et jusqu’à nouvel ordre, les spectateurs new-yorkais en particulier, ne profiteront pas de cette jolie fable romantique à la bande originale concoctée aux petits oignons par un Woody Allen, là encore très inspiré. Dommage, dommage… Eh oui, comme le suggère souvent la destinée contrariée de ses personnages, la vie se montre parfois cruelle. Et injuste. Le réalisateur qui filme New York avec tant d’amour et de justesse et qui m’a donné (comme à beaucoup d’autres) l’envie de connaître cette ville ô combien cinégénique, mériterait sans doute plus de considération.
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